mardi 18 mai 2010

Memo de mise en scène


sur la version monologue de Minotaurus
note de lecture
musique de chambre
pour un arc-en-ciel

Jérôme Roniger a écrit un texte, il me l’a envoyé en me disant c’est un monologue commandé par Philippe Adrien, je voudrais que vous le mettiez en scène.


J’ai lu, et relu. Il y a là une langue, une force vitale, un souffle qui m’ont retenu. Il y a un cœur qui bat, du sang qui circule entre ces lignes.


J’ai repris mon souffle et réfléchi.


Je n’y ai pas vu un monologue mais un être traversé par des voix, par des fantômes, un homme hanté. J’ai dit alors à l’auteur : certes tout le monde parle la même langue, on te le reprochera d’ailleurs, on te dira ce n’est pas une pièce, un texte tout au plus, la construction dramaturgique est vacillante… Mais je vois les choses ainsi : un homme normal devant nous et qui s’adresse à nous. Cet homme progressivement se trouve emporté par sa parole, emporté à tel point qu’il commence à s’incarner en tant que personnage. Cet homme se couche mais son corps refuse de dormir. Sa forme reste allongée, dans son lit la masse est là et y restera tout du long, mais son corps ou son âme, continue de se mouvoir. Halluciné ou apaisé. Nu ou habillé. Mais habité par ces voix qui le traversent. C’est un homme traversé qui devant nous se débat.


J’ai ajouté : un monologue ça ne m’intéresse pas, et tant mieux parce qu’ici ce n’en est pas un. Les voix mentionnées comme off doivent apparaître. Il est si habité cet homme qu’elles lui apparaissent. Ainsi la mère existera mais en image, commençons doucement, en image mais immense. Le visage du père sera là éclairé, dans son espace propre et virtuel, juste son visage avec sa voix, un visage qui se brouille au gré de la conversation, de la mauvaise qualité de la conversation Internet… L’ami sera là bel et bien et entier et serein, en accord avec lui et le monde. Les femmes de l’édition apparaîtront aussi derrière leurs casques et leurs claviers numériques, assises dans leur espace téléphonique. Un enfant devra également s’introduire sur la scène, pour tenter d’exister et de concilier.


L’homme, enfin seul, délivré de ces visions incarnées en voix et en corps, pourra alors calmement « enrouler ses deux couvertures pour deux boudins aux effigies des enfants » et mettre à mort sa vie passée pour

renaître à lui-même.


Louisdo de Lencquesaing

10 décembre 2008

2 commentaires:

  1. très bel hommage à l'écrivain.
    encore bravo Jérôme.

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  2. Hé, je découvre ce commantaire seulement aujourd'hui, sous la pluie à Rue. Merci Colin ! Ecris-moi à jerome.jom@gmail.com, comme ça ce sera plus pratique pour se revoir.

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