mardi 18 mai 2010

La réaction de Philippe Adrien

le dimanche 22 mars 2009, 2h08
correspondance générale
Cher Jérôme, pour commencer, j'espère que cette lecture [du samedi 14 mars 2009], pour laquelle tu t'es sans doute donné du mal, t'aura été utile…

Quant à moi, je t'avoue avoir été passablement décontenancé. « On peut faire théâtre de tout », disait Vitez. Bon, mettons ! Mais il ne peut y avoir que des théâtreux pour énoncer pareil postulat et en tirer, sous forme de spectacles, des conséquences aussi hasardeuses que scabreuses. Quand on est écrivain ou qu'on essaie de se soutenir comme tel, on est sensé connaître les différents genres, la poésie, l'épopée, le roman, la nouvelle et le théâtre bien sûr, comédie, tragédie, drame, or, il me semble qu'il faut tout de même être sacrément gonflé pour organiser une lecture publique de ce qui n'est après tout qu'un journal intime ou plutôt ce qui en tient lieu de nos jours, c'est-à-dire un blog qui en fait de jouer sur l'intime parie sur un effet de transparence généralisée et la poubellification qui s'ensuit.

Ni action ni construction dramatique, je te disais en sortant que ton texte avait pris du ventre, mais on aurait pu être encore là le lendemain matin à t'écouter raconter ta vie par comédiens interposés… Tu devrais te méfier de tout ce cirque que tu fais si volontiers, pas étonnant que tu te fasses de temps en temps épingler, je ne t'ai jamais passé commande de quoique ce soit, je t'ai dit qu'il est plus facile de faire jouer un monologue qu'une pièce à huit ou dix personnages. Outre que n'importe quelle phrase ne fait pas une réplique même si elle sort de la bouche d'un comédien, il me semble qu'au moins sur ce point, on ne s'est pas compris. Je t'avais proposé qu'on lise à la Tempête [PA devait lire le rôle du Père], pour toi, pour nous, mais je n'aurais bien sûr pas convoqué les médias et autres célébrités [André S. Labarthe assiste également à la lecture, Louido de Lencquesaing, Stéphane Gildas, plus des amis dont Virginie].

Je te parlerais bien du beau-père plombier au noir qui se métamorphose en Minotaure sexy dans le phantasme du jeune homme, mais il se fait tard et, par mégarde, j'ai effacé mon premier jet de méchancetés, tant mieux après tout.

Je me souviens, moi aussi, avec amitié de Lausanne, du train et de ta nouvelle bleue si joliment occupée de séduction… Bon courage, ça devrait finir par passer, que ce soit pour le théâtre, le cinéma ou le livre… Je te souhaite que tout se passe bien aussi dans ton nouvel emploi chez Arte ! A bientôt, amitiés.

Philippe A*
Il y a beaucoup à prendre chez Mayorga comme chez Wajdi Mouawad. Ces deux-là ont sérieusement réfléchi à l'écr. dram. pour aujourd'hui…

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