mardi 22 mars 2011

Lectures du mardi 29 mars 2011

Hector, peintre en bâtiment, et Gena, une intellectuelle, vivent ensemble à Belleville. Le couple ne compte plus les années, sauf l'âge de leurs deux enfants. S'ils ont parfois le sentiment de ressembler à une vieille paire de chaussettes dépareillées, à deux morceaux de carne sur une barque toute pourrie prenant inexorablement l'eau et se craquelant en leur donnant des maux de tête, ce n'est pas faute d'avoir tout essayé : le yoga, la boxe, le sexe à outrance, les drogues, etc. Pour combattre l'ennui et son mal de vivre,
ses maux de ventre et les nuages gris sous sa tignasse d'ébouriffée, Gena s'invente alors Adrien, un jeune homme follement amoureux d'elle. L'adultère serait-il un moyen de reprendre espoir devant son ordinateur, les barquettes congelées du vendredi, la DS de son fils de neuf ans en chaise roulante et le journal fleur bleue de sa fillette dont, à douze ans, la maturité la dépasse largement ? Dans ce coin retiré de France, parce que sans tabous ni plus aucun jugement, le moment du bain vient rompre la monotonie et la déprime, les frustrations, comme par magie switcher le ménage et les conférences en histoire de l'art qui ne sont plus un devoir, l'achèvement d'un doctorat qui sonnerait l'entrée, l'intronisation d'Adrien comme au cœur du saint Graal, dans le monde des adultes… Par son indéfectible présence, Hector est un axe autour duquel oser tourner et se chamailler, pleurer et revivre, Gena le sait depuis toujours… Peut-elle sauter dans le vide, hors de sa coquille, pour aller danser la zoumba sur les toits de Belleville, main dans la main avec son nouveau sex lover, en oubliant, en guise de berceau à leurs amours, les escaliers misérables d'Edith Piaf, les enfants, l'angoisse, Heidegger, et tout le reste ? La belle-mère, la chatte à nourrir, les chèques en bois impossibles à emboîter les uns dans les autres, le quotidien, Gena elle-même, lentement tout s'harmonise dans ce tableau mouvant comme un taxi dans la nuit filant entre deux courses sous la pluie. Quelle signification donner finalement à l'amitié d'Hector pour Adrien ? A demi inconsciente sur la banquette arrière du taxi pour soi, A quoi songent-ils tous les deux ? s'interroge Gena, Que signifient ces mots vulgaires entre nous ?… Dans le bain d'Hector, un ami dont vous êtes le héros, comme une éraflure dans le temps, un hasard, une bizarrerie que Descartes lui-même ne saurait expliquer.

Dans le bain d'Hector, par Virginie Gimaray & Jom Roniger, 76 Jean-Pierre Timbaud, M° Couronnes, café Le Chat Noir, mardi 29 mars. Distribution :

GENA, écrivain et conférencière, Vanessa Aiffe
HECTOR, son mari, Lyazid Khimoum
ADRIEN, son jeune amant, Bastien d'Asnières
BEATRIX, une jeune femme, Laure Carrale

Lecture à 19h30, seconde lecture à 22h00, durée : 1h20 environ — [Bernard-Marie Koltès, janvier 1986, Une part de ma vie, p. 59, Les Editions de Minuit, Poche, septembre 2010 :

« Je suis le premier à admirer Shakespeare ou Tchekhov ou Marivaux et à tâcher d'en tirer des leçons. Mais, même si notre époque ne compte pas d'auteurs de cette qualité, je donnerais dix Shakespeare pour un auteur contemporain avec tous ses défauts. »

Bientôt dans une salle à Belleville, racontant l'histoire du mousse et de son capitaine : La théorie du sable et de la vague, par Pauline Tanon & Jom Roniger ; en préparation, Je suis l'indien, avec Pascal Greggory, un film de Bruno Joseph Roy.]